Florence Foresti, pour rire


C'est un peu Louis de Funès, mais avec un pantalon. Ou Muriel Robin, mais avec des cheveux courts. Florence Foresti est désormais la star préférée des Français. Tellement marrante, ah, ah, ah, LOL, qu'elle a posé en une du magazine Paris Match avec son bébé, mère et fille habillées de noir, «pour dire aux femmes, enfin, que la maternité, ce n'est pas aussi miracle et dentelle qu'on le répète partout». Hilarante dans son sketch de l'avion de barbie, le meilleur. Formidable en Adjani stratosphérisée répétant «Je ne suis pas folle». Cruelle en Ségolène sexuelle. Sur scène, Florence Foresti n'enfile une robe et deux talons que lorsqu'elle imite des femmes célèbres, Madonna, Paris, Amy. Sinon, ses sketches, elle les dit en pantalon et marcel, comme un genre de garçon.

Elle naît à Lyon, elle est infographiste, commence par des cours de café-théâtre. Elle monte à Paris, elle fait ses débuts sur des petites scènes. Stéphane Bern l'engage sur Canal+. Puis elle est recrutée par Laurent Ruquier chez qui elle rode ses sketches carburant aux clichés féminins. Elle a récemment tourné un très joli spectacle de café-théâtre, «L'abribus». Elle vend chacun de ses DVD à plus de 500 000 exemplaires. Preuve de sa popularité, hier matin, à 8h52, son sketch «J'aime pas les garçons» avait été vu 3 004 158 fois sur YouTube. Elle joue à guichets fermés. Le public ne l'applaudit jamais autant que quand elle sort de ses personnages, pique des fous rires, se trompe de réplique, fait du Foresti. Elle a du talent. De l'allant, de l'abattage.

Elle est née sur les planches, à l'ancienne, puis elle a éclos à la télé avant d'exploser vraiment sur le Net. Un vrai parcours d'une fille des années pré-80. Elle a donné un corps (le sien, joli mais qu'on devine angoissé par le miroir) aux doutes et aux certitudes d'une génération de femmes qui fuient les stéréotypes de peur que ceux-ci ne les sauvent. Elle tient la presse à distance. Elle refuse de parler angoisses et tristesse de clownesse. Elle prouve que, sur les plateaux machistes de la télé et dans la mare misogyne des magazines people, le rire est maintenant le propre de la femme.